mercredi 5 octobre 2011

Physiologie de la digestion chez l’enfant




Physiologie de la digestion chez l’enfant

Ceci est une synthèse d'une étude couronné par
La société protectrice de l'enfance de Marseille  en 1880
Si vous désirez plus d'informations, n'hésitez pas à me le demander 
Tania GARCIA

Règle à en déduire pour l’allaitement, l’alimentation et le sevrage
Par L Missonier  officier d’académie,
Pharmacien lauréat (huit médailles d’argent) 1880.

Les nouveau-nés qui, chaque année, succombent par milliers, ne meurent pas de maladies ; tous meurent de fautes d’hygiène, (Dr Brochard) et les principales causes de cette mortalité sont le défaut d’allaitement, l’abus de l’alimentation prématurée et le mauvais choix des aliments de sevrage. Mais comme il ne suffit pas d’énoncer un fait et qu’il faut des preuves sérieuses, la société protectrice de l’enfance de Marseille, (fondée en 1878…) avait mis au concours la question suivante : « Déduire de la physiologie de la digestion chez l’enfant, les règles de l’allaitement, de l’alimentation du sevrage et la valeur des substances alimentaires destinées au premier âge. »….

« la question mise au concours est pleine d’intérêt, non seulement pour les mères, mais encore pour les pères de famille ; car si ces derniers connaissaient mieux divers détails qui touchent de si près à la santé de leurs enfants, ils seraient quelques fois plus fermes et pourraient, par un raisonnement basé sur la science, combattre certains préjugés, (hélas ! Encore si nombreux de nos jours,) »….

(Extrait du rapport du Dr Million)

Etude sur la physiologie de la digestion chez l’enfant

(Petite annotation en haut de page sur la droite : «  jusqu’au moment du sevrage l’enfant doit téter, et aucun aliment artificiel ne peut remplacer le lait de la mère »)

La physiologie de la digestion est aujourd’hui parfaitement connue, et il me semble inutile et hors de propos d’en faire l’historique complet ; il me suffira de dire que trois ferments concourent à l’acte de la digestion : la pepsine, la diastase et la pancréatine. La mastication et l’insalivation sont de puissants auxiliaires ; or, l’enfant en venant au monde ne peut opérer, ni l’un, ni l’autre, sa nourriture doit être d’une digestion facile et l’on alimente prématurément toutes les fois qu’avant l’éruption complète des huit premières dents on fait absorber toute autre substance alimentaire que du lait…..
« On est trop disposé à prendre l’enfant nouveau-né pour un homme, et à lui donner les aliments qui ne conviennent qu’à un autre age"
En effet, on sait qu’à la naissance la plus part des appareils du nouveau-né sont encore à l’état d’évolution. Deux de ces appareils seulement sont assez développés pour entrer en fonction, comme à un âge plus avancé : tels sont l’appareil respiratoire et l’appareil complexe qui constitue le tégument externe (peau cheveux ongles).
Il n’en est pas de même des autres appareils, même de l’appareil digestif ; plusieurs de ses parties constituantes ne sont bien développées que longtemps après la naissance. Si nous examinons la bouche, nous constatons qu’elle ne peut exercer convenablement ni la préhension, ni la mastication ; la langue, quoique bien développée, n’exécute avec précision que des mouvements de succion.
La mâchoire inferieur, encore peu résistante, se meut sans énergie. En effet, l’angle très ouvert que ses branches forment avec le corps de l’os, présente aux muscles qui seront plus tard masticateurs, une insertion très oblique. Cette condition suffirait pour neutraliser une partie de leur action, si déjà la faiblesse de leurs fibres contractiles ne rendait pas leurs contractions inefficaces. Les muscles buccinateurs ont seuls assez de force pour remplir une fonction, et l’acte buccal de l’enfant nouveau-né est accompli par le concours de la langue et de ses derniers muscles.
Si nous joignons à ces faits l’absence de dents, l’état rudimentaire des véritables glandes salivaires, nous aurons la preuve anatomique que le nouveau-né n’est pas encore organisé pour mâcher des aliments et rouler dans la bouche un bol alimentaire quelconque. Aussi lorsqu’on impose l’alimentation prématurée à ces petits êtres, c’est mécaniquement que l’on fait arriver les aliments à l’isthme du gosier, comme si l’on avait à faire à une paralysie glosso-labiale. Par cette disposition on dirait que cette nature, si souvent attaquée par certain esprits qui n’ont jamais compris la filiation de ses lois, parce qu’ils ont mal observé, à voulu mettre obstacle à tout autre mode d’alimentation que celle qui s’effectue par succion. Les animaux respectent cette situation du premier âge, les carnivores surtout, éloignent tout aliment de la portée de leurs petits avant l’évolution suffisante des dents ; ce n’est que lorsque les mamelles sont mordillées par les dents des jeunes animaux, que les chiennes et les lionnes abandonnent des aliments à coté de leurs petits, assez forts pour partager sans danger l’alimentation parentale.
Les arabes, qui ont reçu de Mahomet la prescription d’allaiter au sein pendant deux années révolues, n’offrent pas de nourriture aux nourrissons ; ils attendent qu’ils viennent aux-même participer au repas de la famille, ce qu’ils ne font à coup sur qu’au moment où ils commencent à exécuter des mouvements avec quelques précision.

De ce qui précède il résulte déjà qu’on doit s’abstenir d’imposer une alimentation prématurée avant que le système buccal soit assez développé, pour que la préhension, la mastication et l’insalivation puissent régulièrement s’accomplir.
« Nous avons tous assisté, disait le docteur Chalvet, à cet étranges luttes de la nourrice au petit pot, imposant de la bouillie, de la panade, à la bouche rebelle des nourrissons ; à force de reprendre et de refouler avec une cuillère , ces aliments tombent sou le domaine des actions reflexes et sont avalés indépendamment de la volonté. »
Cette nourriture va devenir indigeste, parce que pendant les premiers mois de vie, l’enfant n’a pas de salive pour faire subir aux féculents la catalyse glucosique .
Si de la cavité buccale nous passons à l’estomac et aux intestins, nous trouverons encore là une démonstration anatomique établissant que le nouveau- né n’est pas apte à digérer certains aliments communément imposé par les nourrices. Ces organes, à l’état d’ébauche, pour ainsi dire, au moment de la naissance, ne paraissent pouvoir absorber sans danger que des principes préparés à l’absorption par un travail préalable auquel l’enfant est presque complètement étranger.
L’estomac est très petit, sans forme bien arrêtée, sa membrane muqueuse très mince, lisse : les replis et les glandes qui la rendront apte à remplir plus tard certains actes digestifs sont encore à l’état rudimentaire, surtout les glandes des sucs gastriques, qui ne contiennent à cette époque qu’un petit nombre de cellules, dites à pepsine.
Ces cellules, chez l’adulte, et même chez l’enfant pourvu de ses dent de lait, sont volumineuses, arrondies ; elles ont un noyau évident et un contour granuleux, elles remplissent les glandes ; chez le nouveau-né, ces glandes sont presque vides.
La membrane musculeuse ne présente que des fibres contractiles, pales et peu développées. Cette membrane est mince, transparente et incapable d’agir efficacement, pas ses contractions, sur le contenu de ce viscère : aussi lorsqu’il se fait un caillot de lait dans l’estomac, cette masse ne peut être convenablement roulé sur les parois gastriques pour subir l’action dissolvante de suc encore peu abondants ; d’où l’indigestion, le rejet par vomissement ou la lienterie…..
La naissance, en effet, n’émancipe pas le nouvel être, il continue à vivre en quelque sorte par l’intermédiaire  de la mère, tant que l’organisation de ses organes d’assimilation indépendants et inachevés ; seulement, après la naissance, au lieu de donner du sang tout préparé par le cordon ombilical, la mère fournit au nouveau-né un liquide nutritif élaboré spécialement par les glandes mammaires.


Et enfin si nous sortons des faits relatifs à l’anatomie et à la physiologie, il nous suffira pour appuyer notre thèse sur des faits, fournis par la pathologie expérimentale, de relater les expériences suivantes presque sans commentaire :

En 1867, M. le docteur Chalvet, dans le but d’étudier l’influence de l’alimentation prématurée sur les jeunes mammifères, à répété, mais dans un ordre d’idées, les expériences de M.J. Guerin.
Une jeune chienne nourrissait 4 petits. Après 10 jours d’allaitement, trois de ces chiots ont été éloignés de la mamelle.
Ils ont été nourris avec du lait de vache pris chez la crémière, lait mélangé et bouilli ; nous avons eu soin, dit l’auteur, de délayer dans ce lait de la farine cuite. Ces chiots, placés dans de bonnes conditions hygiéniques, buvaient ce mélange selon leur appétit. Cependant, dés le second jour de l’expérience, ils avaient de la fièvre. Les yeux déjà ouverts avaient perdu leur limpidité, ils étaient chassieux, le poil était moins lisse et des cris incessants trahissaient un état de souffrance.
L’un des chiots fut sacrifié ce même jour : il présentait déjà des rougeurs assez vives de la muqueuse gastro-intestinale (menace de gastro-entérite) et une tuméfaction non douteuse des ganglions mésentériques. De plus, le sang renfermait un excès de matières, dites extractives (17/1000 au lieu de 8.66 chez le chiot nourri par la mère). Ces mêmes faits nous mettent sur la voie de la pathogénie, de l’adénopathie mésentérique chez les enfants prématurément nourris ou mal allaités.
Après 3 jours de cette misère physiologique, l’un des chiots fut rendu aux soins de sa mère, et il ne fallut pas moins d’une dizaine de jours pour effacer les traces de cet écart de régime, encore cet animal resta-t-il quelque temps en retard sur son frère, qui n’avait pas cessé d’être allaité.
Aussi, d’après de nouvelles expériences  (1868), si nous avions fait usage de lait de la même vache, non bouilli, sans mélange de fécule, les accidents constatés ne se seraient pas produits.
« Que l’on juge maintenant ce que doivent fatalement souffrir les nouveau-nés, qui ne prennent nullement le sein, qui sont nourris de suite avec du lait de différentes vaches, avec des bouillies, des panades, des œufs etc... Eh bien, ceux des enfants qui résistent, (une minorité des enfants abandonnés), deviennent ce qu’est devenu le 3eme chien dans l’expérience si dessus.
Il fut nourri avec le même lait, mélangé + bouillie, pendant un mois, il nous a présenté la série des accidents que voici : Le gros ventre, gonflement des jointures, amaigrissement général, tout l’aspect si déplorable, en un mot, de la très grande majorité des enfants, au retour de chez la nourrice.

La suite de la première partie est essentiellement basée sur le choix des nourrices, bien qu’intéressent et représentatif de la vie de famille en France à cette époque, je préfère faire l’impasse sur ces quelques pages et passer directement à la deuxième partie : le sevrage

Deuxieme partie règle de l’alimentation du sevrage :

A quelle époque doit cesser l’allaitement ou en d’autres termes à quel âge doit on sevrer l’enfant ? L’allaitement par la mère devrait durer 12 à 15 mois et le sevrage est alors indispensable parce que, le lait perdant de ses qualités nutritives, l’enfant ne profite pas et sa constitution s’altèrerait, si on ne lui donnait des aliments plus nourrissants (aujourd’hui nous savons que le lait maternel ne perd pas en qualité mais l’enfant à d’autres besoins, donc 2 ans et plus avec diversification ;))

Si un grand nombre d’enfants succombent à l’époque du sevrage, c’est presque toujours par la faute de leurs mères ou de leurs nourrices. Autant, en effet, le sevrage pratiqué avec soin, en temps opportun, est inoffensif, autant le sevrage prématuré, intempestif, offre des dangers. Voici du reste l’opinion de docteur Brochard.
Le sevrage d’un enfant ne doit pas être réglé sur son âge, mais sur sa dentition. Voici 4 règles auxquelles il faut toujours se conformer :

1° on ne doit jamais sevrer un enfant avant la sortie des premières dents ;
2° on ne doit jamais sevrer l’enfant pendant le travail de la dentition ;
3° on ne doit jamais le sevrer tout à coup ;
4° on ne doit jamais le sevrer pendant l’été.

Le simple bon sens dit qu’un enfant que l’on sèvre doit pouvoir prendre des aliments solides. Il faut, pour cela, qu’il ait des dents, afin de pouvoir broyer les aliments qui doivent remplacer le lait maternel. Il y a, en outre, une grande imprudence à sevrer un nourrisson avant l’époque où peuvent survenir les accidents souvent grave de la dentition. On est cependant quelquefois obligé, pour une raison quelconque, de sevrer un enfant avant que sa dentition soit terminée, mais on doit, alors, éviter de le sevrer pendant qu’il perce ses dents, ce qui est excessivement dangereux.

La sortie des canines étant, en général, plus difficile que celle des autres dents, il faut si la chose est possible, attendre, pour sevrer un enfant, qu’il ait seize dents. Si cela ne se peut pas, il faut attendre qu’il en ai douze, ou si non attendre qu’il en ai six.
Dans ce cas, il faut sevrer l’enfant immédiatement après la sortie de la douzième dent, ou de la sixième, parce que l’on a devant soit, à ce moment, un intervalle assez long pendant lequel le travail  de la dentition est entièrement suspendu. En se comportant ainsi, on évite toute complication fâcheuse. Si, par un motif quelconque, il fallait sevrer un enfant n’ayant qu’une dent, il faudrait à tout prix, attendre la sortie de la deuxième dent,  après laquelle il y a un temps de repos assez long dans le travail dentaire.

Il ne faut jamais sevrer un enfant pendant l’été. Les diarrhées auxquelles les nouveaux nées sont sujets pendant els grandes chaleurs, deviennent alors souvent mortelles. Il faut sevrer au printemps ou à l’automne, ou même pendant l’hiver, mais dans cette dernière saison, on est privé d’un moyen de distraction  puissant, la promenade.

Lorsque l’on veut sevrer un enfant, on commence par le faire téter moins souvent et l’on remplace chaque tétée, par du lait qu’on lui fait boire au biberon, puis on ne le fait plus téter que le matin et le soir. Dans le jour, il boit du lait, mange de la bouillie, faite avec de la diastasine, à des heures, à des intervalles parfaitement réglés. Au lieu de lui donner à téter la nuit, il devra dormir. Au bout de quelque temps, on ne le fait plus téter qu’une fois par jour. On remplace, chaque fois, le sein par le biberon, puis on ne le fait plus téter du tout. Le sevrage ainsi opéré n’offre aucun danger.

Le sevrage prématuré et l’alimentation prématurée qui en est, presque toujours la conséquence, sont les causes le causes les plus fréquentes de la mortalité du premier âge.
 Un grand nombre de femmes s’imaginent que lorsqu’un enfant est sevré de bonne heure, il faut, pour le fortifier, lui donner une nourriture abondante, substantielle, lui faire manger de tout, même de la viande. Ce préjugé stupide fait succomber, chaque année, des milliers d’enfants.
Après le sevrage, il faut, pendant quelques jours, ne rien changer au régime de l’enfant. Ce n’est que peu à peu, et graduellement qu’on lui donne une nourriture plus substantielle. Il faut bien se garder de lui donner de la viande avant que son estomac ne soit capable de la digérer, c'est-à-dire avant qu’il n’ait des dents pour la mâcher. Il faut bien surtout, sous prétexte de le fortifier, se garder de lui donner de la viande crue, qui l’exposerai aux vers. Avant,  pendant et après le sevrage, l’enfant doit toujours prendre de la nourriture en petite quantité. Cette nourriture, en outre, doit toujours être en rapport avec la faiblesse de ses organes, et toujours être donnée a des heures, à des intervalles parfaitement réglés. On voit que le régime que suit un enfant, après le sevrage, à une très grande influence sur sa santé et sur sa constitution.



Synthèse du 05 octobre 2011 document original : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6135223h.r=Normandie.langEN

Tania Garcia-Gouix

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